
Voici ce que j’ai déclaré ce vendredi 17 janvier 2020, à l’occasion de la cérémonie des vœux à la population
Mesdames, mesdemoiselles et messieurs,
Je ne vais pas vous le cacher, ce discours des vœux de janvier 2020 n’a pas été le plus simple à écrire ! J’espère en revanche que je parviendrai à le lire devant vous sans encombre.
Pour celles et ceux qui suivent de loin l’actualité locale et nationale, je me dois de rappeler que dans quelques semaines, dans 58 jours très exactement, les Templemarois seront appelés à voter pour élire la prochaine municipalité, comme ce sera le cas dans les 34 968 communes de France.
En ce qui me concerne, j’ai décidé, depuis un certain temps, de ne pas solliciter de nouveau mandat. J’ai vécu ces 25 dernières années comme élu (quatre mandats, dont un de 7 ans, grâce ou à cause du président Sarkozy, qui avait prolongé le mandat de 2001 jusqu’en 2008, transformant exceptionnellement le sextennat en septennat). Et depuis 12 ans, je suis maire.
J’ai estimé qu’il était temps de passer le relais.
Rassurez-vous, je n’ai pas prévu de vous retracer le bilan de ces 25 années, que j’ai partagées avec appétit avec plusieurs équipes d’élus.
Mais voici quelques images qui me reviennent, dans un désordre savamment calculé et qui ne prétendent surtout pas à l’exhaustivité.
Je me souviens de dizaines et dizaines de rencontres, de conversations, prévues ou imprévues, de rendez-vous, avec des femmes et des hommes qui ont un projet ou pas, des griefs ou des reproches, une remarque, une détresse, un conseil à prodiguer ou à rechercher pour eux-mêmes, leurs proches, leurs voisins, la commune, le pays parfois.
Je me souviens que parfois j’ai eu bien des difficultés à réprimer des sanglots, quand l’empathie me conduisait à prendre la place de mon interlocuteur.
Le maire c’est le représentant du plus petit échelon de la vie politique, c’est aussi le plus proche, celui à qui on s’adresse pour toutes sortes de sujets qui ont à voir ou pas avec les compétences de la commune, mais qui est susceptible de vous aider, de vous aiguiller dans le maquis de l’administration, de la vie publique, ou simplement de vous écouter et vous entendre.
Je me souviens d’une nuit passée avec des “mineurs non accompagnés” comme on dit pudiquement et administrativement pour parler des jeunes clandestins ou demandeurs d’asile, qui ont fui leur pays à cause de la misère, de la guerre, du réchauffement climatique, accueillis par l’association Terre d’accueil en Pévêle-Mélantois à la maison paroissiale de Wattignies.
Je me souviens de ces belles rencontres, avec Pierre Lemaître, à la Médiathèque, avec Anne Sylvestre, les enfants et les “Nounous”, pour l’inauguration du relais des assistantes maternelles,
- avec des danseurs, des choristes, des musiciens, des humoristes, des comédiens, salle Desbonnet ou salle Colette Besson, avec les auteurs et les organisateurs du Salon du Polar, venus parfois de loin, ou d’origine très locale,
- avec les bénévoles du monde associatif, avec des sportives et des sportifs, et notamment nos footballeuses et leur staff, intégrés ensuite au sein du Losc pour poursuivre leur aventure,
- avec les archéologues, ou avec les spéléologues du service commun des carrières souterraines découvrant des trésors inestimables derrière notre complexe sportif, ou à la découverte d’une nouvelle catiche.
Je me souviens d’un général, Paul Morillon, venu avec une immense modestie nous aider à retrouver l’histoire de nos morts de la Grande guerre, en farfouillant dans des archives que seuls les militaires connaissent …
Je me souviens de l’installation du carillon automatique, dans notre modeste beffroi, au-dessus de l’ancienne mairie qui abrite aujourd’hui le Point Jeunes.
Je me souviens d’une matinée passée avec quelques élus, et notamment Pascale Mathelin et son mari, pour choisir les mélodies des ritournelles qui égrènent les heures.
Je me souviens de multiples poses de premières pierres : salle Colette Besson, salle Henry Desbonnet, médiathèque Noël Dejonghe et salle Robert Blezel, Maison de l’action sociale, Dojo, Relais des assistantes maternelles, centre technique, lotissements de LMH, de Pierre et territoires, de Sofim, de Oria, de Préam, de Promogim, jardins familiaux, et plus récemment première planche du nouveau groupe scolaire Dolto-Pasteur.
Je me souviens des funérailles de mon prédécesseur, Noël Dejonghe, par une froide journée de décembre. Une foule immense, venue d’un peu partout, et la parole grave et puissante de Michel Deswarte, le curé de l’époque, devant la mairie.
Je me souviens des multiples commémorations au monument aux morts, avec les porte-drapeau, les enfants du CME et les anciens combattants, et la voix tout aussi puissante et parfois impatiente de Michel Carlier pour que nous soyions à la hauteur de notre devoir de mémoire.
Je me souviens de tous les partenaires de cette belle et longue aventure, et en premier lieu les élus municipaux de ces quatre mandats, avec qui nous avons partagé des heures et des heures, des soirées et même parfois des nuits, pour faire avancer et mettre au point nos idées et nos projets. De l’extérieur, je ne sais pas ce que le public comprend de nos discussions. Mais aujourd’hui, je peux vous assurer que ce travail souvent de l’ombre, pratiquement bénévole, est essentiel. Vous l’avez sans doute entendu, et sûrement partagé : dans les périodes troublées que nous vivons qui voient nos représentants démocratiques contestés, les élus municipaux conservent dans l’opinion une très grande crédibilité.
Le maire, c’est la partie émergée de ce travail d’équipe. C’est le chef d’orchestre, celui qu’on voit un peu plus, mais tout seul il ne peut rien.
Je me souviens des équipes de collaboratrices et collaborateurs que j’ai cotoyées, ces fonctionnaires et salariés des collectivités locales si souvent décriés, qui font tourner l’administration de la ville, qui font preuve d’un très grand sérieux, de patience, d’initiative, et qui ne sont pas forcément récompensés ni remerciés par les utilisateurs.
A Templemars, l’ensemble des personnels assurent l’entretien des bâtiments et des espaces verts, les services à la personne, et notamment l’attention quotidienne aux plus fragiles, l’accueil des enfants à l’école et dans les temps périscolaires, l’état civil, l’urbanisme et l’accueil du public en mairie, l’organisation des élections, du recensement, la gestion du cimetière, la communication et la bonne administration financière, la prévention de la délinquance et la sécurité. Toutes ces compétences, tous ces efforts convergents illustrent de la plus belle des façons ce que peut et ce que doit être le service public, une expression parfois un peu galvaudée, mais tellement essentielle dans cette période.
Je me souviendrai des décors de cette soirée, conçus et fabriqués dans notre beau Centre technique, avec du bois de récupération, ou de la photo choisie pour notre carte de vœux, réalisée sous les arbres remarquables du Parc de la mairie.
Je me souviens d’un voyage à Epinal, avec Joël Laloy, avec Thierry Grislain, l’architecte dont vous a parlé auparavant Marianne Delemer, et les techniciens-experts dans ce dossier, à l’invitation de l’entreprise Ramery Bois, afin d’assister aux tests réalisés pour étalonner les planchers collaborants en peuplier régional et en béton, en prévision de la construction de notre groupe scolaire. Des tests très concluants, bien au-dessus des normes visées, une première dans ce type de construction, qui n’en doutons pas fera des émules à l’avenir.
Je me souviens que le maire c’est souvent le ministre des Affaires étrangères de la commune. En premier lieu auprès des collègues maires des villes voisines, avec qui nous avons eu des rapports tellement constructifs et désintéressés durant toutes ces années, et qui sont aujourd’hui des amis, bien au-delà des étiquettes politiques. A la métropole, ou auparavant à la communauté urbaine, on nous appelle les maires du Sud, et ça nous va bien.
Nous sommes différents, mais nous avons tellement de points communs : la couronne Sud de la métropole est une championne de la coopération intercommunale, pour la prévention de la délinquance et des conduites à risque, pour l’accompagnement vers l’emploi, pour la formation professionnelle, pour l’économie sociale et solidaire, pour la prise en charge des personnes les plus fragiles, pour l’assistance à nos aînés, pour la diffusion de la culture et de l’humour, pour la mise en réseau de nos médiathèques.
Je ne résiste pas au plaisir de vous donner quelques chiffres que j’ai glanés hier à propos du réseau des médiathèques du Mélantois. Nous avons commencé à réfléchir à ce projet en 2007. Aujourd’hui, ce réseau regroupe les médiathèques de Houplin-Ancoisne, Lesquin, Lezennes, Seclin, Vendeville et Templemars. Il nous permet de mettre en commun des moyens, informatiques notamment. Mais surtout, il fédère près de 10 000 abonnés (Templemars en compte autour de 1200, si je ne me trompe, pour une population de 3200 habitants, chiffres Insee 2017) qui peuvent choisir parmi près de 100 000 ouvrages. En 2019, les abonnés ont emprunté en tout 230 000 ouvrages, dont 19 000 réservés dans une médiathèque autre que celle où ils se trouvaient et qu’il leur a donc ensuite été livré. Et pour ce qui concerne Templemars, nous avons plus emprunté d’ouvrages chez nos amis que nous ne leur en avons prêtés. Ce premier réseau local de médiathèques au sein de la métropole est une magnifique illustration des bienfaits de la coopération intercommunale.
Je me souviens d’au moins deux rencontres avec le préfet de région Michel Lalande, un serviteur de l’Etat exemplaire, qui vient sur le terrain, et sait se retrousser les manches. L’une au commissariat de Wattignies, devenu complètement inadapté au travail des policiers et à l’accueil du public, pour prendre acte de la nécessité de le reconstruire. D’après ce que nous dit Alain Pluss, l’architecte a été désigné, les plans et le budget mis en œuvre par l’Etat sont pratiquement bouclés, et les travaux devraient débuter à la fin de cette année 2020. L’autre à Emmerin, pour l’entendre nous expliquer les contraintes nécessaires et indispensables à la bataille de l’eau potable.
Je me souviens que nous sommes donc devenus les communes “gardiennes de l’eau”. Cette eau qui coule sous nos pieds et qui permet d’abreuver sans modération, de soigner, de laver et de faire vivre une bonne partie de la population de la métropole. Et mon petit doigt me souffle souvent que ce n’est pas un hasard si nous sommes aussi le territoire des carrières souterraines. L’eau de pluie qui se déverse dans nos espaces de nature glisse lentement en se purifiant par les méandres de la nappe de la craie qu’on a longtemps exploitée pour construire nos maisons, avant d’être captée quelque part vers Houplin-Ancoisne et Emmerin.
Je vous l’ai dit tout à l’heure, je ne postule à aucun mandat dans les mois et les années qui viennent, et je peux sans prendre de risque au titre des règles préélectorales vous donner quelques avis.
Avec nos voisins du sud de Lille, nous formons une entité de population, un territoire avec lequel nous entretenons des relations presque quotidiennes, qui mériterait de trouver une traduction concrète dans l’organisation de la Métropole européenne de Lille, qui comptera demain 95 communes, un nombre très élevé, trop élevé même, qui en fait une exception française.
Pour que l’intercommunalité soit compréhensible par la population, cette notion de territoire devrait, devra revenir sur le devant de la scène, j’en suis convaincu.
L’intercommunalité, je l’ai vécue au quotidien, et je m’en souviens. Depuis 12 ans, je siège à la communauté urbaine de Lille, devenue aujourd’hui la métropole européenne de Lille. Cette institution est essentielle pour les 1,2 millions d’habitants dont elle a la charge. Elle est essentielle, mais aujourd’hui difficile à cerner pour le citoyen. Trop grande, trop “technocratique” peut-être, mais c’est pourtant là que se trouvent les clés de notre avenir local.
La métropole, c’est notre voirie, nos transports urbains, nos espaces naturels, notre activité économique, le traitement et la valorisation de nos déchets, notre avenir numérique. L’espace des Périseaux où nous sommes si nombreux à nous aérer et à profiter des bienfaits de notre environnement n’existerait pas sans la Métropole et je me souviens de l’extraordinaire fête que nous avons pu y organiser cet été dans le cadre de Eldorado.
La rénovation de la rue Jules Guesde et de la place Delecroix c’est la métropole, la remise à niveau de nos chaussées, la définition des règles d’urbanisme c’est la métropole. Et demain, le tramway qui reliera Seclin au centre de Lille en passant par notre commune, les réseaux de voies vertes qui permettront de circuler en mode doux de la Deûle vers la Marque, en passant par les Périseaux, Eurasanté, le grand stade, les facultés de Villeneuve d’Ascq, le futur échangeur qui permettra de de desservir nos parcs d’activité, sources de richesses et d’emplois, ce sera la Métropole.
Le développement du vélo, électrique ou pas, comme moyen de transport quotidien pour aller à l’école, ou au travail, comme le font nos voisins belges par exemple, c’est un enjeu métropolitain, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer notre santé et notre sécurité.
Je me souviens d’un voyage en Bavière, dans la région de Munich, il y a 7 ou 8 ans, en compagnie d’élus de la métropole et de la région et de responsables agricoles, pour observer comment dans ce territoire très peuplé et très développé on protège la ressource en eau en protégeant le paysage et en inventant de nouvelles activités compatibles avec l’environnement et la diversité. Ce souci de la protection de l’eau nous savons depuis longtemps au travers de nos discussions à la métropole que c’est une clé du futur, au même titre que la lutte contre le réchauffement climatique.
Vous allez me dire, après un tel plaidoyer, pourquoi t’arrêtes ?
Je vous le dis ce soir : je ne regrette rien de ces années denses, parfois compliquées, mais ô combien enrichissantes humainement. Je pense profondément qu’il faut savoir se retirer au bon moment, et laisser la place à des yeux plus neufs, plus jeunes. Je ne veux devenir ni blasé, ni fataliste.
J’ai encore la force pour entamer de nouvelles aventures, sans doute moins publiques, plus familiales, plus personnelles. Mais je continuerai à observer attentivement notre commune et ce territoire que j’ai à ma modeste mesure contribué à faire évoluer depuis 25 années.
Je suis bien vivant, et je serai présent jusqu’au terme de mon mandat. Et je souhaite à ma commune et à celles et ceux qui prendront le relais de partager les mêmes bonheurs que j’ai vécus avec vous !
Vous toutes et vous tous qui êtes là ce soir, et celles et ceux qui n’ont pas pu nous rejoindre, je vous aime, je me souviendrai de vous.
Madame, mademoiselle, monsieur, chère Templemaroise, cher Templemarois, chers amis, je vous souhaite une très belle année 2020.
[…] réponds que j’ai choisi de ne pas solliciter de nouveau mandat, et je l’avais annoncé auparavant. J’ai donc eu tout loisir de m’y préparer et d’envisager ce que le futur me […]
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