Ce qui nous sépare, ce qui nous rassemble

 

loujniki.png - copie.pngRappelons-nous, en ce jour de fête nationale,  le 14 juillet 1998. Deux jours auparavant, le 12 juillet, au Stade de France, notre équipe nationale de football avait obtenu pour la première fois le droit de mettre une étoile au-dessus du coq, notre emblème. Il y a 20 ans, l’équipe de Lilian Thuram, Zinedine Zidane, Bixente Lizarazu et autre Didier Deschamps nous avait empli de joie et de fierté. Demain, le 15 juillet, les protégés de Didier Deschamps, toujours lui, s’apprêtent à nouveau à nous faire vibrer dans l’enceinte du stade Loujniki de Moscou, aux accents de la Marseillaise, en espérant l’emporter face à l’équipe de Croatie.

 

Une nouvelle fois, notre équipe nationale de football va nous permettre de sentir ce qui constitue notre communauté nationale. Sur les pelouses, comme dans bien des domaines, et pas seulement sur les champs de bataille, les Français jouent une petite musique qui leur est particulière, dans laquelle nous retrouvons notre histoire, notre fierté, notre ciment. Comme une grande majorité d’entre vous, je regarderai demain à 17h ce match, et je me réjouirai si à nouveau nous emportons cette compétition sportive qui réunit tous les quatre ans le plus grand nombre de spectateurs et de téléspectateurs.

Ce matin, comme je le crois dans une grande majorité des communes françaises, nous associons le sport à l’élan patriotique que nous commémorons chaque année à l’occasion de notre fête nationale. Je fais partie de ceux qui voient dans le sport un fabuleux outil d’élévation et d’émancipation, même si j’en connais les limites et les dérives. La hargne et la bonne humeur de Raphaël Varane, natif d’Hellemmes, l’enthousiasme communicatif de Adil Rami, l’ancien Lillois sur le banc des remplaçants, l’aisance à communiquer et à dribbler de Kilian Mbappé,  le flegme et le sens du placement de N’Golo Kanté, 1,68 m, formé à Boulogne-sur-Mer, les débordements de Benjamin Pavard, natif de Maubeuge, toutes ces images dépassent de loin la seule performance et sont autant d’exemples d’élégance, de sportivité, de combativité. Bref, un peu de notre esprit français que nous perpétuons le 14 juillet.

Aujourd’hui, nous commémorons la nation française, celle de 1789, mais nous n’oublions pas tous les écueils auxquels notre pays s’est heurté depuis 229 ans. Comme nous le rappelons très régulièrement, une bonne partie des conflits auxquels nous avons dû faire face, au siècle dernier notamment, ont pris leur source dans l’expansion des nationalismes qui se sont manifestés dans toute l’Europe, et sont malheureusement toujours à l’ordre du jour, par exemple en Hongrie, en Pologne, en Italie, en Grande Bretagne, mais aussi aux Etats-Unis, en Russie, en Corée…. Nous aimons notre pays rassemblé, nous aimons l’exemple que nous donnent les sportifs. Mais nous devons nous garder des extrémismes qui utilisent le nationalisme comme une arme. “Le patriotisme, c’est aimer son pays. Le nationalisme, c’est détester celui des autres », disait le général de Gaulle.

En ces jours de communion nationale autour du football, privilégions ce qui nous rassemble et refusons ce qui nous sépare, et mettons en application ce que disait Nelson Mandela : « Le sport peut faire naître l’espoir là où régnait le désespoir. »