Voici ce que j’ai déclaré ce vendredi 18 janvier 2019 à l’occasion de la cérémonie des vœux à Templemars
Mesdames, mesdemoiselles et messieurs,
Je ne vais pas répéter ce que vous ont fort bien dit Juliette Griffard, Marianne Delemer, Francis Wavrant, les membres du CME ainsi que Betty Bernard sur quelques-uns des principaux dossiers de la commune en ce début d’année 2019, et notamment notre action en faveur du climat et de l’environnement.
Mais la vie d’une collectivité, quelle que soit sa taille, est riche, parfois complexe, et en tous cas en ce qui nous concerne, pleine de promesses et d’espoir. J’espère ce soir vous donner après celles et ceux qui m’ont précédé quelques raisons locales d’optimisme, même si les informations qui déferlent dans notre quotidien sont difficiles à déchiffrer, et souvent stressantes.
Première bonne nouvelle : la fibre ! L’année dernière, je vous annonçais que les premiers branchements des particuliers au réseau à très haut débit auraient lieu au début de 2019. Eh bien, cette promesse est tenue. Les premiers raccordements individuels sont intervenus. Cela va se prolonger, et d’ici la fin de cette année, l’ensemble des Templemarois se seront vus proposer un raccordement à ce réseau de communication du XXIe siècle. 30% des logements de la commune sont d’ores et déjà raccordables, selon les services de la métropole. J’en profite pour remercier les techniciens et la direction d’Orange, qui mènent à bien ce travail particulièrement ardu et technique, en respectant les délais annoncés. J’en profite aussi pour rappeler que vous conservez le choix de votre fournisseur d’accès, quelles que soient les informations qui peuvent circuler çà et là. Je dois enfin expliquer à ceux d’entre vous pour qui ce langage demeure rébarbatif que le très haut débit ce n’est qu’un outil, qui offre à chacun de multiples pistes, pour entrer en communication avec ses proches ou avec le reste du monde, pour utiliser de nouvelles fonctionnalités comme la télévision haute définition, un peu comme l’arrivée de l’électricité ou du téléphone ont révolutionné notre mode de vie au point que personne ne souhaiterait revenir en arrière sur ces avancées.
Autre dossier dont nous vous parlions déjà il y a un an : la construction de près de 300 logements, en plusieurs points de la commune. L’année 2018 a vu l’arrivée des premiers locataires et propriétaires dans les opérations déjà engagées et d’autres projets se mènent à bien. Je suis en mesure de vous dire aujourd’hui que ces nouveaux logements profitent très majoritairement à des Templemarois ou anciens Templemarois. Et comme je l’expliquais déjà l’année dernière, ces constructions sont nécessaires au dynamisme de notre population. Elles bénéficient à certains de nos aînés qui trouvent enfin des logements agréables, bien éclairés, économes en énergie, adaptés à leur mode de vie. Ils font aussi le bonheur de personnes à mobilité réduite. Ces logements, qu’ils soient en accession ou en location, accueillent également des familles, des jeunes couples, qui ne trouvaient pas jusqu’à présent de réponse satisfaisante dans le parc ancien. Ces réalisations de qualité, publiques ou privées, sont indispensables si nous voulons conserver des services diversifiés, des commerces dynamiques, des équipements de qualité, pour vivre dans une communauté au sein de laquelle tous les constituants sont en harmonie. L’Insee vient de nous le dire : nous avons gagné 153 habitants, notre commune compte à présent 3356 Templemarois. Nous progressons donc, très raisonnablement, sans pour autant nous transformer en ville-champignon.
Vous le savez, nous sommes engagés dans la procédure complexe de révision du Plan local d’urbanisme, le PLU. Un premier vote a eu lieu à la MEL il y a quelques mois et sera complété par un deuxième volet d’amendements suite à l’enquête publique en cours dans l’ensemble des 90 communes qui constituent la métropole. L’an passé, je vous disais notre fierté d’avoir rendu à l’agriculture des hectares de terres urbanisables. Cette année vous avez sans doute suivi les recommandations du préfet concernant la préservation de la ressource en eau potable et les renforcements de cette protection, rendant impossible la réalisation de la zone A1 Est, de l’autre côté de l’autoroute A1. Avec les élus des communes concernées, nous sommes attentifs à ces préconisations qui nous obligent à la remise en question de projets parfois anciens. Nous souhaitons que cette nouvelle contrainte se transforme en atouts, en éléments d’attractivité supplémentaire.
Mais nous voulons aussi qu’on réfléchisse ensemble aux difficultés croissantes de mobilité que rencontrent les automobilistes et les usagers des Parcs d’activité du sud de Lille. Il nous faut parvenir à rendre compatibles le respect de notre environnement et le nécessaire développement économique. Juliette et Francis vous en ont parlé auparavant, dès aujourd’hui et encore plus demain, l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique et l’économie doivent se conjuguer avec la préoccupation sociale. C’est ce qu’on appelle le trépied du développement durable. Ce n’est pas un enjeu simple, il peut paraître contradictoire dans bien des aspects, mais c’est une réflexion dont chacun peut et doit s’emparer à sa mesure, parfois avec des gestes du quotidien.
Je l’avais aussi évoqué l’année dernière, nous finalisons l’équipement de la commune en vidéo-protection. Nous avons fait les choix techniques, nous en sommes aux procédures administratives et nous espérons installer les caméras dont nous avons besoin, aux endroits où nous en avons besoin, y compris à l’intérieur de certains équipements municipaux, et les systèmes de veille qui leur sont liés d’ici l’été prochain.
Permettez-moi de vous livrer quelques considérations sur la situation politique de notre pays. Je ne suis qu’un modeste élu local, un “petit maire”, mais j’ai tendance à penser que la proximité que cette fonction me donne avec la réalité, avec les difficultés que rencontrent mes concitoyens me permet d’avoir un regard qui manque parfois à certains, élus ou pas.
La colère qui a gagné les ronds points depuis le mois de novembre traduit des années de méconnaissance, voire de mépris de la vie de beaucoup de nos semblables : l’employée de service hospitalier, ou l’aide soignante en EHPAD, souvent une femme, postée, qui doit parcourir des dizaines de kilomètres pour se rendre à un travail particulièrement exigeant, en gagnant à peine plus que le SMIC, le chauffeur routier soumis aux horaires de ses fournisseurs et de ses clients et aux contraintes administratives, le demandeur d‘emploi qui ne reçoit aucune réponse, même négative, à ses dizaines d’envois de CV, le retraité, tous ces innombrables invisibles ont raison de se révolter, comme disait Jean-Paul Sartre en 1968, il y a un tout petit peu plus de cinquante ans.
J’ai depuis 2010 une petite brochure sur mon bureau, que je ne saurais trop vous conseiller de lire ou relire. Elle s’appelle “Indignez-vous”, l’auteur en est Stéphane Hessel, un énorme succès en librairie de ces années-là. Voici ce que dit entre autres choses ce grand résistant disparu en 2013 : « Je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir votre motif d’indignation. C’est précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j’ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé.«
Il faut comprendre cette révolte, et s’efforcer de lui trouver des réponses, immédiatement mais aussi à long terme. La France fait partie des pays privilégiés dans le monde. Nos ressources et nos moyens sont importants. Il est normal, il est nécessaire et indispensable que ce relatif bien-être profite à chacun, quelles que soient ses compétences, son histoire, sa famille.
Ceci étant dit, la révolte ne doit pas, ne peut pas s’affranchir des règles essentielles de la vie en société, sauf à vouloir la détruire.
J’écoute ce que disent les “gilets jaunes”, je comprends leur ras-le-bol. Mais j’ai envie de leur dire très haut et très fort qu’il est souvent nécessaire, et peut-être aujourd’hui plus que jamais avec les exemples venus d’autres pays, de tenir compte des leçons de l’histoire. Notre pays est une vieille démocratie, pleine de défauts qu’il faut améliorer, corriger. Notre système républicain, parlementaire, représentatif est sans aucun doute perfectible, trop vertical, pas assez horizontal, insuffisamment égalitaire, ni ouvert à la participation des citoyens.
Mais il a ses lois et ses traditions qu’il faut respecter, parce que notre liberté est le fruit d’un équilibre fragile. Le référendum, la démocratie directe sont des éléments importants pour faire évoluer notre république, mais ils ne sont pas la panacée. Ils ont même parfois été les outils des pires dictatures, y compris dans l’histoire récente. Et si j’en crois les gazettes, le choix du Brexit qu’ont fait les Britanniques, décidé à l’issue d’un référendum mis à profit par des populistes qui se font aujourd’hui beaucoup plus discrets, n’a pas vraiment réglé les problèmes de nos voisins d’Outre Manche.
J’ai eu dans les derniers mois l’occasion de discuter à plusieurs reprises avec des policiers, des gendarmes, des représentants de l’ordre, y compris au niveau communal avec l’arrivée de notre nouveau policier municipal. Ces femmes et ces hommes effectuent un travail indispensable, dans des conditions particulièrement tendues. Mais ils sont animés d’un incroyable sens du service public. On ne peut pas rendre hommage un jour à Arnaud Beltrame, héros de l’antiterrorisme, et accepter sans broncher un peu plus tard qu’on roue de coups un autre gendarme jeté à terre, quelles que soient les circonstances. On ne peut pas saccager impunément des bâtiments publics et des symboles de la République. L’État de droit est un fondement primordial de notre société, de notre constitution.
De même, beaucoup d’entre vous le savent, une bonne partie de ma vie professionnelle a été consacrée au métier et la formation des journalistes. Cette profession est elle aussi indispensable à la démocratie. Elle est en danger dans bien des pays, mais aussi un peu chez nous.
80 journalistes ont été tués dans le monde en 2018, c’est un record peu enviable. Et on ne peut pas tolérer les agressions verbales ou physiques qu’ils subissent y compris au niveau local, pas plus que la destruction de journaux qui privent les abonnés de leur lecture quotidienne. Les journalistes, comme beaucoup de corporations, ne peuvent s’exonérer des critiques qui sont émises sur l’exercice de leur métier et la façon dont ils l’exercent. Mais je pense pouvoir dire que je connais bien les professionnels des organes de presse, notamment celles et ceux que j’ai contribués à former. Ils sont elles et eux aussi déterminés à défendre le droit à l’information et le pluralisme, parce que c’est la condition de notre liberté, de notre émancipation, contre les obscurantismes et les vices de notre société quels qu’ils soient. Ils s’efforcent avec beaucoup d’inventivité de mettre en pratique cette citation injustement prêtée à Voltaire mais que je fais mienne ce soir : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire».
J’ai dans mes activités d’élu local, comme chacun d’entre nous, maintes occasions de confronter mes opinions avec celles de nombreux citoyens, quelles que soient leurs responsabilités, notamment dans cette période des voeux. Nous ne sommes pas forcément d’accord sur tout, mais nous parvenons à nous écouter, à nous entendre. C’est ce qu’on appelle le “vivre ensemble”. Ce soir j’ai envie de conclure avec vous en pensant qu’il dépend en premier lieu de nous d’entretenir ce vivre ensemble. C’est en comparant, en confrontant nos expériences, nos convictions et en nous engageant dans la vie de la cité que nous continuerons à construire ce tissu de tolérances, de compréhensions, de dialogues qui rendent la vie de notre village si riche et si passionnante.
Vous savez que le président de la République organise ces jours-ci un grand débat pour tenter d’apporter des solutions à la crise politique qui secoue notre pays. Je suis comme beaucoup d’entre vous un peu dubitatif sur l’organisation et les termes de ce dispositif aux contours encore bien flous. Mais dans la volonté de contribuer à l’apaisement, au développement de l’horizontalité et de l’expression directe qui manquent dans notre quotidien, j’ai décidé d’ouvrir un cahier de doléances en mairie, comme recommandent de le faire un certain nombre d’acteurs de la vie politique, ainsi que l’association des maires de France, et comme l’a mise en place la métropole européenne de Lille. Il sera bien entendu transmis à la commission du débat public le 15 mars. Il est d’ores et déjà à votre disposition, et vous pouvez y contribuer ce soir, à côté de l’urne de contributions en faveur du climat que vous a présentée Juliette tout à l’heure.
Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, chers concitoyens et chers amis, je vous souhaite une belle année 2019 pleine de proximité, de convivialité, de générosité.