En ce 1er mai 2018, nous accueillons comme chaque année les médaillés et leurs proches pour cette cérémonie de remise de médaille. Cela pourrait paraître un peu banal, mais je sais que pour chaque récipiendaire et pour ses proches, c’est un moment important qui marque une fidélité à un métier, à une entreprise, à un savoir faire. Si tous les ans, nous mettons un point d’honneur à ce que cette manifestation soit empreinte de convivialité, mais aussi de solennité, c’est parce que vous comme nous, nous attribuons au travail une grande valeur.
Nous savons les uns et les autres que le jour de notre première embauche, nous devenons indépendants, autonomes. Le travail nous libère, nous permet de nourrir notre foyer, d’élever nos enfants, de donner un sens à notre vie. Mais nous savons aussi combien le travail aspire notre temps libre, notre vie, notre santé, combien il nous aliène et nous rend esclave. Le travail nous blesse, nous rend malade, provoque des dégâts individuels et sociaux considérables. Et l’inactivité forcée par le chômage est elle aussi synonyme d’énormes souffrances, de dégâts individuels et sociaux considérables.
Vous le savez, il faut prendre les chiffres avec beaucoup de prudence, mais au plan national, la situation de l’emploi montre des signes plutôt positifs, et je crois qu’il faut nous en réjouir. Au premier trimestre 2018, le nombre de chômeurs de catégorie A, c’est-à-dire en recherche active et sans aucune activité, est en baisse de 1% par rapport au trimestre précédent, à 9,2% de la population active.
Dans notre région des Hauts de France, le taux de chômage atteint 11,7 % de la population active, en baisse de 0,4 pt en un trimestre. A Templemars, et dans notre secteur du sud de Lille, la situation est plutôt meilleure, même s’il faut garder raison, en raison notamment de certains points d’interrogation, comme la situation au siège de Castorama Kingfisher, situé sur le territoire de la commune. Nous sommes en tout cas convaincus qu’il faut être actifs sur ce plan, même si l’emploi et l’économie ne sont pas directement de notre ressort. Mais nous partageons avec les communes de notre secteur la conviction que quand les choses sont plus difficiles, quand les réponses ne sont pas évidentes, il vaut mieux ne pas demeurer seul, il faut cultiver l’entraide, la mutualisation. Depuis près de vingt ans, nous avons créé toute une série d’infrastructures intercommunales pour répondre à ces enjeux. La Maison de l’emploi du Pévêle-Mélantois-Carembault, la Mission locale du même nom, le Sivu pour l’insertion sociale et professionnelle, sont une série d’outils que nous avons mis en place pour que l’insertion professionnelle, le soin à apporter aux plus démunis devant l’emploi soient cohérents, efficaces, et pour qu’on puisse en mesurer l’efficacité.
Vous le savez, mais je ne crois pas inutile de le rappeler, l’initiateur de cette fête du travail n’est pas le maréchal Pétain, comme on se plaît parfois à le dire, mais le congrès de l’internationale socialiste qui s’est tenu à Paris en 1889, et qui souhaitait rendre hommage aux grévistes de Mac Cormik à Chicago, une usine de machines agricoles. Et nous ne pouvons l’oublier, le 1er mai 1891, à Fourmies, l’invitation de la IIe Internationale s’enracine à cause d’un nouveau drame : la troupe tire sur les ouvriers et fait dix morts. En 1906, à l’occasion du 1er mai sera institué le repos hebdomadaire. En 1919, toujours à cette occasion, les 8 heures quotidiennes. En 1947, le 1er mai devient un jour chômé et rémunéré.
Notre situation n’a certes plus grand chose à voir avec celle qu’avaient vécu les grévistes de Chicago et de Fourmies.
Mais il y a encore beaucoup de pain sur la planche, et je voudrais citer quelques grands chantiers qui sont encore à mener :
- la parité, pour que les femmes gagnent le même salaire que les hommes à travail égal, et pour qu’elles aient les mêmes possibilités de prendre des responsabilités que les hommes. Aujourd’hui, le différentiel entre les femmes et les hommes est encore de près de 30%.
- l’intégration des travailleurs handicapés dans les entreprises, les administrations
- la transformation de l’intérim et des CDD à répétition ou aussi des emplois aidés en emplois durables, justement rémunérateurs
- la lutte contre le chômage des moins de 25 ans (près de 25% de cette catégorie d’âge est à la recherche d’un emploi)
- la protection des travailleurs plus exposés que les autres aux risques professionnels.
Mais je voudrais terminer cette intervention par un peu d’optimisme
Le 1er mai c’est depuis très longtemps la fête de la fleur, et l’arrivée du printemps. En France, dès 1890, les manifestants du 1er mai ont pris l’habitude de défiler en portant à la boutonnière un triangle rouge. Celui-ci symbolise la division de la journée en trois parties égales : travail, sommeil, loisirs.
Le triangle est quelques années plus tard remplacé par la fleur d’églantine. Depuis 1907, à Paris, le muguet, symbole du printemps en Île-de-France, cultivé notamment à Chaville et à Sénart, remplace cette dernière. Le brin de muguet est porté à la boutonnière avec un ruban rouge.
Alors avant que nous ne décorions les médaillés du Travail et que nous ne vous offrions quelques fleurs, je voulais vous proposer ces quelques vers d’une chanson chantée par Odette Laure dans les années 50
Ce jour-là au Bois d’Chaville y avait du muguet
Si ma mémoire est docile c’était au mois d’mai
Au mois d’mai dit le proverbe fais ce qu’il te plaît
On s’est allongés sur l’herbe et c’est c’qu’on a fait
Comm’ nous étions sous les branches
Bien dissimulés
Sam’di-Soir et Franc’-Dimanche
N’en n’ont pas parlé
Le lend’main d’cett’ aventure
Nous avons ach’té
Un traité d’puériculture
Et d’quoi tricoter.
Tout ça parc’ qu’au bois d’Chaville
Y avait du muguet.
Bravo et félicitations
Tout est dit , avec de subtiles nuances mais tout est dit !
J’aimeJ’aime